De retour de Paris Web, j’ai eu une grande envie de partager avec vous mes retours sur l’accessibilité. Pour info, c’est l’évènement à ne pas manquer, l’année prochaine il fêtera ses 10 ans.
J’ai développé mes premières lignes de code au lycée, je suis un pur autodidacte avec une formation créa. J’ai toujours aimé flash pour son côté interactif et animé, bon ok, je vais parler d’accessibilité mais vous voyez que je pars de loin. Je n’avais pas particulièrement de sensibilité à des problèmes d’accessibilité (vous imaginez bien avec flash), dans ma première agence, mon but ultime était de faire des anims dans tous les sens pour attirer de nouveaux internautes (vive les gifs animés qui clignotent), puis je suis arrivé dans une agence faisant que du flash… même idée, plus c’est beau et « innovant »* (*utiliser des interfaces que peu de personnes peuvent utiliser avec de la 3d, parallaxe, …) mieux c’est. Depuis je suis freelance, je me suis un peu plus posé sur mon métier : les impacts, l’utilité, et le long terme.
La base de notre métier est de transmettre des informations mais pas seulement, en tant que professionnel, on doit aussi faire preuve d’une certaine expertise et bien faire notre travail (dans la mesure du possible, ce n’est pas toujours facile en fonction des contraintes réels du projet – délais, budget, complexité). J’ai découvert Opquast à Paris Web 2013, j’avais l’impression de redécouvrir mon métier, parler de qualité du web, alors qu’on me demande des sites mobiles – que pour iPhone, et que je dois développer un site en 3 jours. Je redécouvre aussi des notions que j’avais vaguement entendu parler, l’accessibilité.
C’est peut-être politiquement incorrect, mais combien de personnes (agence, dev, créa, rédacteur, client…) se disent : Pourquoi faire des sites pour les aveugles et les sourds de toute façon ils n’achètent pas en ligne ? Ils ne sont pas ma cible.
Je me suis demandé comment en tant que freelance, je peux mettre en avant que je dois prendre du temps pour la qualité (pas forcement visible directement) et rendre un site disponible à tous. Je me bats déjà pas mal pour réussir à faire passer mes devis et être payer. J’avais un manque d’arguments et de connaissances sur le sujet. Pour Paris Web 2014, je me suis concentré sur des sujets d’accessibilité #a11y et j’ai appris pas mal de choses.
L’accessibilité c’est simple… et complexe
Quand on parle d’accessibilité, on pense immédiatement à le vendre comme une prestation parce que ça prend du temps. Mais comment vendre à un client, avec un budget toujours ultra serré, une prestation supplémentaire.
La réponse est très simple, il faut juste de bien faire son travail. Il y a des bases, un site internet ne peut pas être parfait pour tout le monde mais il suffit de pas grand chose pour pourrir complètement une experience utilisateur.
Un alt bien remplit, des focus quand on appuie sur tab (je me suis aperçu que mon blog était pas optimal, j’apprend de mes erreurs), des titres utilisés de manière intelligente, des contrastes élevés, pas d’animation dans tous les sens… c’est pas compliqué de faire ça et on n’est pas obligé de surfacturer des petits gestes. A contrario, si vous souhaitez un site ultra accessible, ça peut vite devenir plus complexe et implique énormement de tests et donc de temps.
L’accessibilité c’est bidon
Certaines conférences mettaient en avant quelque chose de totalement vrai, nous devons faire des sites accessibles pour tout le monde (homme, femme, jeune, âgé, mobile, desktop…) mais quand on parle de handicap on pense toujours au aveugle, sourd… mais il y a d’autres handicaps, le daltonisme (ça peut vite devenir gênant d’avoir un message comme celui là : seule les champs en rouge sont obligatoires, lesquels ?), la dyslexie (c’est dommage passé sur des clients comme Steven Spielberg, Tom Cruise, Sylvester Stallone, Channing Tatum…), une mauvaise vue (texte trop petit obliger de zoomer…), le niveau de lecture (je n’y avais pas pensé mais c’est totalement vrai, on s’adapte au cible – si c’est grand public, c’est grand public et pas niveau doctorat) la navigation sur mobile (coupure de réseau, les images qui ne s’affichent pas, pas assez de débit pour voir une vidéo, popup impossible à fermer…), le vidéo projecteur dans une salle éclairé (j’ai beaucoup aimé ce handicap, c’est du vécu en présentation client)… Donc quand on fait un site accessible, on le fait pour tout le monde mais pas pour des personnes handicapées.
Le problème de l’accessibilité, c’est l’accessibilité
Le meilleur exemple pour illustrer ça, c’est une informelle lors de Paris Web 2014 – #a11y c’est quoi le problème. On était une petite 20ène, ce qui m’a paru peu en vu du sujet et sur ce groupe, il n’y avait que des experts ou personnes travaillant activement sur le sujet… On pose la question du « Pourquoi » on ne fait pas d’accessibilité, et on a que des personnes qui en font déjà, ça ma paru un peu bizarre. Ils connaissent leur sujet parfaitement, mais je pense qu’il est mieux d’avoir plusieurs regards extérieurs, j’aurais aimé voir quelqu’un qui aurait défendu : « Moi je ne ferais jamais d’accessibilité parce que… ». Le manque de connaissance sur le sujet et le faite que c’est présenté comme une spécialité à part entière bloc déjà beaucoup de personne. Quand on recrute un développeur front-end, on demande rarement – tu es expert en a11y ? – mais plutôt – tu fais du less, tu optimises pour le ref….
L’accessibilité fait peur et pourtant en faisant proprement notre travail et en sensibilisant un peu nos clients, on peut faciliter la vie de beaucoup de personnes et je pense que cela rend notre métier plus utile et gratifiant.
Ça me donne beaucoup d’idées et me renforce dans une qui est de facilité la connaissance de sujet comme l’accessibilité et la qualité du web, à plusieurs niveaux, pendant la formation, chez les créateurs du web (agence, freelance…), chez les clients et le gouvernement. C’est peut-être utopique mais je pense que collectivement nous pouvons changer les choses.